28 septembre 2017

Tribulations "Made in China"


Salut tout le monde,

Voici un dernier "petit" article pour vous raconter nos deux dernières semaines en Chine... Article écrit depuis Tokyo au Japon, où nous sommes arrivés il y a deux jours ! :-) Hé oui, c'est déjà fini la Chine, le temps passe (trop) vite !!!

Pingyao
Alors, on en était où ? Ah oui, on avait décidé de quitter le Wutai Shan qui ne nous avait que moyennement convaincus et de rejoindre la petite ville fortifiée et authentique (d’après le Lonely Planet en tout cas) de Pingyao.
Là, bonne surprise ! Le centre de la ville ressemble en effet à la Chine d’autrefois, ou en tout cas l’image qu’on en a : des fortifications carrées, de petites maisons aux toits à la chinoise, des lanternes rouges, de la poussière… ça change des immenses buildings qui poussent partout en Chine (il faut bien le loger, ce milliard de chinois !) et des attractions touristiques mises en scène façon Disney Land. Dans le centre de Pingyao, ni voiture ni klaxon (c’est reposant), une ambiance d’autrefois, un immense bazar comme le dit si bien Rebecca, une allemande rencontrée dans notre auberge. Les rues principales sont en effet bordées d’échoppes diverses, destinées aux touristes bien sûr, mais sympathiques et agréables.

Notre auberge à Pingyao

À Pingyao, il y a plein de trucs à visiter, mais on a notre dose de visites. Alors à la place, on se repose dans la grande cour carrée de notre auberge, on s’installe dans les canapés, on caresse les chats trop mignons même si on sait que c’est pas vraiment recommandé de caresser les animaux en Asie (mais ils sont vraiment trop mignons…), on lit, on écrit… On passera quatre jours comme ça, à lire, écrire et flâner, sans finalement visiter aucun des temples de la ville, et à bouger à peu près uniquement quand notre ventre gargouillant nous rappelle qu’il est temps de manger.


On a aussi organisé un peu la suite de notre voyage, fait une « expédition gare » pour acheter nos billets de train (il n’y en a plus beaucoup, on est obligés de s’y prendre un peu à l’avance). On décide de passer notre dernière semaine en Chine à Xiahé, pour profiter d’un monastère bouddhiste proche du Tibet et des montagnes et plaines environnantes, avec un arrêt à Xi’an en chemin pour voir les fameux soldats de terre cuite et tenter notre première nuit « couchsurfing » de Chine.

La suite, je laisse François vous la raconter...

Sophie





Bonjour à tous,

Nous voici à Tokyo depuis le lundi 25 septembre. Les premières heures dans cette ville ont été pour moi une véritable et merveilleuse claque que je raconterai bientôt, mais avant cela, il est plus que temps de raconter la fin de notre voyage en Chine, avant que les souvenirs ne s'estompent.

En Chine, nous nous déplacions en bus et en train. Les bus sont bien pratiques pour les courtes distances, mais incroyablement bruyants, étant donné l'usage intensif du klaxon sur les routes. On klaxonne pour dire « je vais dépasser », « je dépasse » et « j'ai fini de dépasser », mais aussi pour dire « je suis plus gros que toi », « je suis plus petit que toi », ou encore, « je te vois », « je ne te vois pas », et très souvent, semble-t-il, pour vérifier si le klaxon fonctionne.

Prendre le train est une autre expérience. Pour moi, c'est avant tout la prise de conscience du nombre. Il faut arriver une heure à l'avance à la gare. Au début, on imagine qu'ils exagèrent un peu, mais sur le terrain on observe que c'est justifié. On est chaque fois très nombreux à prendre le train. Et les passagers qui descendent du train ne croisent pas ceux qui y montent, l'opération se fait en deux temps. Après avoir passé un contrôle d'identité, puis un contrôle des bagages, on se dirige vers un hall de gare numéroté réservé à son train, on y patiente, on y recharge téléphone et ordinateur, dans la foule. Il y a là plusieurs centaines de personnes qui patientent. Dans les grandes villes comme Xi'an ou Lanzhou j'ai compté trente voies alignées, et pour chacune de ces voies un espace d'attente. Ces grandes gares sont tout simplement conçues comme des aéroports.

Nous sommes arrivés à Xi'an en soirée. Ville secondaire de 9 millions d'habitants. Notre train nous a déposés au nord de la ville, mais l'appartement de Viviane (nous avons oublié de lui demander son nom chinois), chez qui nous allions coach surfer deux nuits, se trouvait dans les faubourgs sud de la ville. Nous étions aguerris au métro chinois, donc traverser le centre allait de soi, par contre, nous avons une grande admiration pour ce chauffeur de taxi qui, après avoir posé les yeux sur 6 ou 7 symboles chinois, nous a déposés un quart d'heure plus tard au pied de l'immeuble de Viviane.

Quelques immeubles à Xi'an, ville en perpétuelle construction, comme toutes les villes chinoises...
Nous avons fait chez Viviane notre première expérience de coach surfing, mais nous ne sommes pas dupes... tous nos coach surfing ne consisteront pas en un accueil aussi chaleureux, une chambre double, une salle de bain privative et un petit déjeuner... ou alors il faut vraiment qu'on fasse plus de coach surfing...

Notre seule véritable motivation à nous rendre à Xi'an était de visiter la Terracotta Army, l'armée funéraire du premier Empereur Qin Shi Huang (encore lui). Redécouverte dans les années 70, à une époque où la Chine avait moins de chats à fouetter et où Mao se préparait une postérité où il serait, espérait-il, comparé au dit Empereur.

La plus petite fosse de la Terracota Army
Nous sommes allés à la rencontre de ces soldats de terre cuite en imaginant qu'ils nous en mettraient plein la vue, et évidemment, ce fut vraiment très impressionnant. Pour une fois, la muséographie est à la hauteur de l'intérêt archéologique de la découverte. Je vous laisse googler Terracotta Army pour en savoir plus, et vous dis simplement que l'on y a fait une expérience unique : voir et être sur les lieux de cette ambition et de cette folie pharaonique... Sophie me disait que toute cette armée représente non seulement la possibilité pour l'Empereur de gagner d'autres guerres dans l'au-delà, mais aussi plus simplement de disposer d'un peuple sur lequel régner éternellement.

Une foule se masse quotidiennement autour des immenses fosses, drainée par des légions de cars, si bien que les archéologues travaillent en grande partie de nuit. Nous nous sommes penchés sur ces soldats, qui sont pour la plupart ré-assemblés inlassablement comme des puzzle 3D depuis quarante ans (car le site a été rapidement pillé dans les décennies qui ont suivi sa création, et des galeries se sont effondrées au fil des siècles). L'Empereur se l'était bien jouée Égypte ancienne, il s'était fait enterrer en compagnie de ses nombreuses concubines et de tous les architectes qui avaient conçu le labyrinthe et les pièges qui protégeaient sa dépouille. Et nous, armés de nos smartphones, nous étions, évidemment, le peuple éternel.



Nous n'avons pas passé suffisamment de temps à Xi'an pour en dire plus, nous nous sommes laissé dire que le centre historique et notamment la grande mosquée valait le détour, nous avons vu, comme partout, les immeubles pousser comme des champignons, et comme il y a environ autant d'habitants de Xi'an que de Belges sur Terre, nous avons pensé qu'ils avaient sûrement un roi, trois communautés, trois régions linguistiques, quatre niveaux de pouvoirs, 26 accents régionaux, e tutti quanti...

C'est à nouveau en train que nous sommes allés de Xi'an à Lanzhou. Nous n'avions aucune intention de visiter Lanzhou mais cette ville devait nous servir de gare de départ pour rejoindre en bus les montagnes de Xiahé. Nous avions deux échos de Lanzhou, notre lonely planet nous la présentait comme la ville la plus polluée de Chine, et un restaurateur de Datong nous l'avait vendue comme « beaucoup mieux que Datong ». Hem... Comme on est passés en coup de vent, on en dira pas plus, mais en gros c'était moche.

Nous nous sommes rendus à Xiahé sur le conseil d'une amie de Sophie. Géographiquement, Xiahé se trouve en plein centre de la Chine, dans la préfecture du Gansu. Mais d'un point de vue ethnique, nous nous sommes sentis loin de ce que nous avions déjà vu de la Chine. Xiahé, située à 3000 mètres d'altitude, est frontalière de la préfecture autonome du Tibet chinois. La ville est bilingue, les affichages se font conjointement en chinois et dans la belle calligraphie tibétaine. Et les visages tibétains nous ont semblé proches de la physionomie mongole.



Ce qui nous a conduit là-bas, c'est la recherche de la quiétude du monastère de Labrang, un monastère tibétain composé de six temples dédiés à l'étude et à la prière. (Nous ne nous sommes pas consacrés à l'étude et à la prière, certes, mais une agglomération de seulement 85 000 habitants, entourée de montagnes et parcourue de chèvres et de moines rieurs, est ce que nous avons vécu de plus paisible en Chine.)



Nous y avons bien sûr visité le monastère, nous y avons marché dans la montagne, et nous y avons même loué des épaves de vélos pour nous rendre dans les prairies, voir les paysages et nous approcher des villages mongols, plantés de tentes colorées, sur le territoire des chevaux.




Nous avons passé près d'une semaine à Xiahé, nous y avons lu et écrit un peu plus qu'ailleurs, nous y avons mangé du yak et... du yak. Et nous y avons pris un paquet de photos de rêve, en reprenant notre souffle, car nos petits poumons de Belges (surtout les miens) ne s'habituaient pas facilement à l'altitude.

Nous sommes heureux d'y avoir ressenti la ferveur religieuse des habitants comme des moines. La promenade des moulins à prière qui fait le tour du monastère connaît une affluence impressionnante. Partout, enfants, adultes, vieillards, pratiquent ces prières « debout, couché, debout », au pied des temples, dans les rues, sur le seuil des maisons, et l'encens et les lampes à beurre brûlent par paquets de mille.





Ces quelques jours de retraite signaient la fin de notre voyage en Chine... nous avons consacré les 48 dernières heures à nous exfiltrer de cette république communiste, en prenant un bus pour Lanzhou, puis un train pour Pékin. Nous avons enfin mangé notre véritable canard laqué bien gras, avons dormi notre dernière nuit à Pékin et, le lendemain, nous avons pris la route de l'aéroport.



Nous avons voyagé avec la Japan Air Line, avion dans lequel nous nous sommes coulés dans des sièges economy class qui nous ont paru dignes d'une business class... avant goût du clash de modèle de société que nous allions ressentir en arrivant à Tokyo...

Voilà, nous avons vu la Chine à travers une toute petite fenêtre. Un tout petit peu réalisé ce que « 1,3 milliards de Chinois » peut vouloir dire sur le terrain. Nous avons vu un immense pays en train de se lever, à son rythme. Nous avons été accueillis chaleureusement dans chaque ville. Nous avons dit « xiè xiè » un nombre incalculable de fois. J'ai lu deux tomes de Game of Thrones pendant que Sophie lisait une bonne douzaine de bouquins. Et un soir, dans un an, nous mangerons chez nous, avec nos propres baguettes, probablement sous une photo de la grande muraille ; sans aucun doute la ligne rouge qui nous a le plus durablement marqués durant nos péripéties dans l'Empire du Milieu.

Merci de nous lire,

François










Les snacks à la chinoises... bêtes ou parties de bêtes sous vide !

Les snacks à la chinoise 2 :-)

2 commentaires:

  1. trop chouette de revoir Xiahé ! Cool que vous ayez apprécié ! Enjoy Japan

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  2. Profitez bien monsieur !!!! Et vivez chaque instant à fond !

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