05 janvier 2018

Deux éclopés au Laos


Bonjour à tous,

Nous avons passé la frontière cambodgienne il y a trois jours, c’est donc depuis Phnom Phen, la capitale, que je vous raconte la fin de nos aventures laotiennes.

Ça fait à présent un peu plus de quatre mois qu’on voyage et quand on regarde en arrière pour identifier nos coups de cœur, on a bien du mal à choisir, on aime tout ! Il n’empêche que le Laos est d’ores et déjà un de nos gros coups de cœur, ce pays est magnifique et il y fait bon vivre.

Vous prendrez bien un bout de pamplemousse sauvage ? (photo par Yves)
Quand je dis qu’il y fait bon vivre, ce n’est évidemment pas un avis d’expert. Il est très difficile de saisir la réalité de la vie d’un pays quand on y voyage en tant que touristes : nous n’avons évidemment accès qu’à une infime partie de cette réalité, il est difficile de s’éloigner des chemins tracés par le Lonely Planet ou autre Guide du Routard quand on ne parle pas la même langue que les populations locales. C’est d’ailleurs pour ça qu’on cherche les expériences de volontariat : pour se rapprocher de la vie quotidienne des gens au-delà des chemins touristiques (dans deux jours, nous serons en train de bosser dans une ferme de poivre cambodgienne 😊).

Arrivée à Vang Vieng... Je suis toujours aussi fière de la taille de mon sac ! :-)
À Vang Vieng, où nous avons passé quelques jours, nous avons eu l’occasion de discuter avec un québécois qui est parvenu, lui, à aller au-delà du tourisme. Il nous a expliqué qu’en effet, les laotiens ne mourraient pas de faim : cette région du globe est extrêmement riche en végétation. Le riz, les fruits et les légumes y poussent en abondance. Par contre, certaines minorités sont à l’heure actuelle toujours persécutées par le gouvernement communiste en représailles pour avoir soutenu les américains lors de la guerre du Vietnam. Américains qui, bien entendu, les ont abandonnés comme des vieilles chaussettes une fois la guerre perdue…

Aux alentours de Vang Vieng

Aux alentours de Vang Vieng

Aux alentours de Vang Vieng
C’est donc à Vang Vieng, où nous avons passé cinq jours (alors qu’on n’avait à la base même pas prévu de s’y arrêter, rebutés par les avis négatifs sur cette petite bourgade où l’on s’est pourtant merveilleusement bien sentis), que nous avons vécu notre baptême de l’air en montgolfière ! On s’est entassés dans la petite nacelle un peu avant le coucher du soleil, on s’est un peu cramé les sourcils (les flammes qui permettent de maintenir le ballon gonflé sur très proches des passagers) et on a ouvert grand les yeux (et résisté à l’envie de les fermer une fois l’altitude de 600m atteinte, quand j’ai soudain réalisé qu’une toute petite barrière nous séparait du vide et qu’on avait quatre énormes bombonnes de gaz pour voisins). Les photos parleront d’elles-mêmes…
(Pour la petite histoire : après l’atterrissage, on a appris que la montgolfière partie deux minutes après la nôtre avait fini dans un arbre avant de prendre feu… Rassurez-vous, aucun blessé à déclarer, mais une belle trouille pour les passagers !)








À Vang Vieng, nous avons marché, plongé, nagé, fait du vélo, escaladé des points de vue, exploré des grottes magnifiques avec notre frontale Décathlon pour unique guide, et admiré la campagne laotienne. C’est aussi dans cette petite ville que nous avons fêté Noël, avec un couple de québécois hilarant, un couple de français, notre ami Yves rencontré dans le Nord du pays et retrouvé par hasard dans la guest house et un suisse. On a eu un peu du mal à sentir l’esprit de Noël (les laotiens ont installé quelques guirlandes le 24 décembre à 16h, ça nous change des illuminations qui fleurissent dès le mois d’octobre en Belgique 😉) et pour la première fois du voyage, la Belgique m’a manqué : Noël loin de la famille, ça fait bizarre quand même !



On a fini par réaliser que ça faisait bientôt trois semaines qu’on était au Laos et qu’on n’aurait malheureusement pas la possibilité de tout voir. On a un peu hésité à changer les dates de nos billets d’avion, mais quitter l’Asie du Sud-Est plus tard, ça signifiait moins de temps dans d’autres contrées. On a donc décidé de skipper une bonne partie du pays et de rejoindre les 4000 îles à la frontière cambodgienne après un petit arrêt à Vientiane, la capitale. On reviendra un jour pour visiter le reste !

Arriverez-vous à trouver le laotien sur cette photo ? ;-)
C’est à Vientiane que nous avons définitivement gagné le titre des « deux éclopés », quand je me suis fait une entorse après que François se soit blessé à l’épaule quelques jours plus tôt. Pour gagner le titre d’aventuriers intrépides, il faudra revenir ! 😉 À Vientiane, il n’y a pas grand-chose à voir ni à faire. On a surtout été étonnés par le faible développement de la ville, pourtant capitale du Laos ! On n’a même pas réussi à y trouver une paire d’écouteurs digne de ce nom pour remplacer les nôtres qui ont bien souffert du voyage, malgré la visite d’un centre commercial flambant neuf construit par les chinois (et complètement inaccessible aux laotiens qui n’ont tout simplement pas les moyens d’y acheter quoi que ce soit).

Si on a fait un arrêt à Vientiane, c’est pour y visiter le COPE Visitor Center, un petit musée qui explique les conséquences de la guerre du Vietnam sur le Laos (conséquences similaires au Cambodge). Durant la guerre du Vietnam, les Etats-Unis ont massivement bombardé le Laos et le Cambodge pour barrer la route des ravitaillements vietnamiens. On a appelé ça la « Secret War » parce qu’officiellement, les USA n’ont jamais bombardé ces régions : ils n’en avaient pas le droit puisqu’ils n’avaient pas déclaré la guerre à ces deux États. Ils l’ont pourtant fait pendant près de dix ans ! Aujourd’hui encore, des centaines de milliers de bombes non explosées couvrent le territoire de ces deux pays et font de nombreuses victimes. On a été très touchés par ce musée et horrifiés par l’impact négatif des États-Unis sur l’Asie du Sud-Est durant la guerre froide (même s'ils ne sont certainement pas les seuls à blâmer, on n'est pas des experts de ce conflit). Ça fait froid dans le dos et on ne peut pas s’empêcher d’en vouloir aux politiques du monde entier d’être assez fous pour imaginer que la mort et la guerre puissent être des solutions à quoi que ce soit. Le point positif : d’ici une dizaine d’années, le Laos devrait avoir achevé le travail de déminage en cours depuis les années quatre-vingt ! On a aussi été très impressionnés par l’usage fait par les laotiens des bombes : ils récupèrent le métal et fabriquent bols, couverts, casseroles, ceintures, bijoux… et même des prothèses pour remplacer les jambes ayant sauté sur des bombes !!! Quelle ironie…


Oeuvre d'art réalisée à partir de morceaux de bombes
Après Vientiane, donc, direction les 4000 îles. Nous n’y avons pas fait grand-chose d’autre que reposer ma cheville et l’épaule de François dans des hamacs avec vue sur le Mékong et admirer les couchers de soleil. Magnifique, ensoleillé et reposant. C’est là que nous avons fêté le nouvel an en nous trémoussant sur une plage après avoir bu un (énorme) verre de whisky laotien coupé au Sprite, mélange qui nous a suffisamment alcoolisés pour les deux semaines à venir !

4000 îles
4000 îles





Quelques jours plus tard, nous étions d’attaque pour franchir la frontière entre le Laos et le Cambodge située à quelques kilomètres de là. On était prévenus : cette frontière est l’une des plus corrompue entre les deux pays. On décide de décliner l’offre de l’accompagnateur de bus qui propose à tout le monde de s’occuper des visas lui-même (contre rémunération) et de vivre à fond l’expérience du passage à la frontière. Entre les 2$ pour recevoir le cachet de sortie du côté laotien (totalement illégal), la visite médicale bidon et payante (on n’a pas payé parce qu’on avait notre carnet de vaccination) et le guichetier qui ferme son guichet en boudant quand le couple de français devant nous refuse de payer 35$ au lieu des 30$ officiels (il le rouvrira quand on lui dira être prêts à payer 35$, ce qui est le prix officiel pour les belges, ouf il ne nous en a pas demandé 40$ !). On tire une conclusion des difficultés rencontrées par le couple de français en question : on ne rigole pas avec la corruption cambodgienne, mieux vaut payer en souriant, ils n’ont pas eu l’air de passer un bon moment ! (Ceci dit, ils auront finalement réussi à s’en tirer pour 30$ par personne, une fois qu’ils étaient les seuls encore dans la salle et sous la contrainte de ne le répéter à personne 😊).

Notre bus nous attendait de l’autre côté de la frontière et nous y avons réembarqué, direction Kratie, premier bref arrêt cambodgien. Mais ça, ce sera pour une prochaine fois…

Ah oui, j’oubliais : bonne année !!!

Sophie

PS : nous avons rencontré au Japon un couple de français qui voyage avec comme thème un superbe projet. Ils vont à la rencontre de locaux durant leur tour du monde et les interviewent en leur demandant quels ont été leurs rêves dans le passé et quels sont leurs rêves aujourd’hui. Les interviews sont courtes mais très intéressantes, parfaites pour mieux imaginer la vie des gens du bout du monde. On adore leur site qui nous permet de mieux appréhender le vécu de personnes qu’on a parfois même rencontrées nous-mêmes. Voici le lien vers leur site si ça vous intéresse : https://www.intothedream.org/ et leur page Facebook si vous ne voulez manquer aucune des interviews : https://www.facebook.com/IntotheDream0/


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