19 janvier 2018

Poivre et sel au Cambodge


Salut tout le monde,

Nos aventures aux Cambodge ont commencé à Kratie où nous nous sommes arrêtés pour la nuit sur la route jusqu’à la capitale, Phnom Penh. Pas grand-chose à signaler, si ce n’est un joli coucher de soleil sur le Mékong et un premier retrait au distributeur : on paie en dollar et on nous rend la monnaie en riel, la monnaie locale. Un peu étonnant, mais on s’y fait vite.


Le contraste avec le Laos, voisin d’à peine quelques kilomètres, est frappant : ici, les paysages sont plats, un peu désolés mais jolis quand même (après deux mois de saison sèche, les rizières commencent à être bien sèches), les forêts bien plus rares et les habitants, il faut bien l’avouer, moins souriants. On n’a encore vu le pays que depuis la fenêtre de notre bus, pourtant il nous paraît plus pauvre, même si on ignore s’il s’agit d’une impression ou d’une réalité.


Une grosse différence, aussi : les déchets. On avait été très étonnés d’y échapper jusqu’à présent (en partant, on avait en tête que l’Asie était à certains endroits une poubelle géante en plein air), pourtant nous n’avions croisé aucun déchet ni en Chine (il paraît que c’est parce qu’on a surtout visité des villes au Nord du pays, le Sud serait très pollué), ni en Thaïlande. Ils avaient commencé à faire leur apparition au Laos où on les voyait régulièrement le long des routes et où on avait croisé de temps à autres des petites décharges à ciel ouvert… Au Cambodge, la quantité explose, nos yeux d’européens sont effarés, effrayés, attristés. Les gens jettent leurs déchets par la fenêtre, leurs jardins comportent plus de sacs plastiques que de brins d’herbes, le plastique est omniprésent dans les rues, dans les champs, dans les jardins. C’est triste, ça nous révolte, ça nous effraie, ça renforce les prises de conscience entamées avant notre départ : en Belgique, les déchets sont cachés, ils sont ramassés, le gouvernement les prend en charge, on ignore à peu près ce qu’ils deviennent, on ne réalise pas leur terrible immensité. Ici, pas de ramassage, on ouvre la fenêtre et on déverse tout dans le jardin, on a envie de pleurer. On se demande même si les cambodgiens imaginent que le plastique est biodégradable, et s’ils réalisent qu’il empoisonne leurs cultures, tue leur poisson, leurs poulets et leurs vaches. Apparemment pas.


Ramassage des déchets à Phnom Penh
Mais revenons au Cambodge. Notre premier véritable arrêt est donc Phnom Penh. Première impression : waw, c’est différent de Vientiane. On s’imaginait une capitale similaire à la capitale laotienne qui nous avait parue peu développée économiquement parlant. Grosse surprise : à Phnom Penh, on découvre une société clivée entre riches et pauvres qui se côtoient de très près, se croisent, s’évitent sans doute, aussi. Il y a l’extrême richesse et l’extrême pauvreté, les deux se mêlent et se mélangent, le tout forme une ville aux contrastes étonnants et aussi, il faut l’avouer, choquants. C’est la première fois de notre voyage qu’on côtoie des gens qui ont l’air de souffrir de la faim, que des mendiants nous tendent la main, que des enfants essaient de nous soutirer quelques billets en échange d’un chewing-gum ou d’un bracelet coloré. Le Laos nous avait paru avoir échappé à la société de consommation. Le Cambodge, lui, a été complètement happé. On vend de tout partout, la publicité est omniprésente, la richesse et la crasse s’entremêlent. On a entendu plusieurs voyageurs avouer avoir détesté la ville. Ce n’est pas notre cas. On n’a pas « aimé », on n’a pas « détesté », on a juste ouvert grand les yeux et essayé d’assimiler l’ambiance de cette ville étonnante.




À Phnom Penh, on a aussi retrouvé un peu de confort. Une connexion internet qui fonctionne (youhou !), une douche chaude (youhou bis !), un grand lit confortable… On ne s’était pas rendu compte que ça nous avait manqué jusqu’à ce qu’on puisse en profiter à nouveau l’espace de quelques jours. Le confort, au jour le jour, il ne nous manque pas… Jusqu’à ce qu’on le retrouve et qu’on pousse un ouf de soulagement, accompagné d’un « waw, ça m’avait manqué ! » un peu étonné.


Musée national du Cambodge


À Phnom Penh, aussi, on a visité le musée S21, nom d’une ancienne école transformée en prison-où-on-torture-des-innocents du temps des Khmers rouges. La visite nous a, évidemment, bouleversés. J’ai abandonné aux deux tiers de l’audioguide, j’avais eu mon compte d’atrocités. Difficile de comprendre comment des êtres humains sont capables de traiter ainsi d’autres êtres humains au nom d’une idéologie.


Les fils électriques et les arbres s'entendent bien à Phnom Penh

Restaurateur ambulant

Il vaut mieux ne pas être électricien à Phnom Penh
Après quelques jours à Phnom Penh, nous rejoignons la ville de Kep, en bord de mer, au Sud du Cambodge. Nous y avons rendez-vous avec Sothy qui nous accueille pour une semaine à la « Sothy’s Pepper Farm » où nous allons travailler pendant une semaine en tant que volontaires. Notre travail ? Principalement servir de guides aux touristes qui débarquent en masse pour découvrir la production du poivre de Kampot, internationalement reconnu comme l’un des meilleurs du monde ! Nous y travaillons en compagnie d’un couple de français, d’un couple anglo-allemand, d’un suisse et d’un allemand. Entre deux visites en anglais ou en français, nous aidons à la cueillette, au tri ou à l’emballage du poivre. L’expérience est sympa, on rigole bien et on apprend des tonnes de choses sur le poivre. Vous saviez, vous, qu’il poussait sur une liane dans la jungle ? Que quand il était jeune, il était vert, et qu’il devenait rouge en murissant ? Que le poivre noir était en fait du poivre vert séché ? (Je m’arrête là, rassurez-vous, mais n’hésitez pas à poser des questions si ça vous intéresse 😉). François s’attèlera aussi à ramasser les déchets dans la ferme (un comble, pour une ferme qui se dit bio, d’avoir des décharges camouflées un peu partout) et d’instaurer un début de tri. Un travailleur cambodgien, voyant François et d’autres volontaires occupés à ramasser, a voulu leur expliquer que ce n’était pas nécessaire : il a pris une poignée de déchets et les a balancés dans le décor, pour bien montrer que ça ne servait à rien, qu’au Cambodge on fait comme ça. Le pire, c’est qu’il voulait les aider et leur éviter du travail inutile, pas leur mettre des bâtons dans les roues.


La plantation de poivre



Le poivre sèche dans la serre
On a aimé l’expérience à la « Sothy’s Pepper Farm » mais elle nous a moins permis de partager la vie des locaux que nos expériences précédentes. Les travailleurs cambodgiens qui travaillaient dans la ferme étaient sympathiques et souriants mais ne parlaient pas anglais, ce qui rendait les discussions difficiles. Sothy et sa famille, eux, étaient accueillants et parlaient bien anglais, on a eu l’occasion de papoter un peu avec eux, mais ils étaient aussi accaparés par leur vie et leur travail. Ça reste une expérience très positive et très instructive, d’une manière différente que les précédentes.

Tri du poivre en cours


Sothy, son mari, sa fille et une partie des volontaires


Après six jours à bosser ferme, nous avons profité de notre jour de congé hebdomadaire pour enfin poser nos fesses sur un scooter. Le scooter est le moyen de transport principal en Asie du Sud-Est et se révèle très pratique pour découvrir une région quand les attractions sont toutes situées à quinze kilomètres les unes des autres. On avait envie depuis longtemps mais on hésitait à se lancer, n’en ayant jamais fait ni l’un ni l’autre. Ici, pas le choix : pour voir les environs de Kep, il fallait passer par là, ce qui, je l’avoue, m’enchantait : depuis le temps que j’en rêvais ! Après avoir écouté les explications de nos co-volontaires-experts, on a franchi le cap. Bon, le scooter en question n’avait plus ni compteur, ni jauge essence, on a donc essuyé une panne d’essence et quelques éclats de rire sur la journée, mais on a adoré ! À nous les crabes au poivre, les marais salants, les grottes sacrées et les boissons au bord de l’eau…




Le marché au crabe à Kep


Marais salants à Kep
Mangrove à Kep
Après notre semaine à Kep, nous avons repris la route, direction… Koh Rong Sanloem, île paradisiaque du Sud du Cambodge, d’où je vous écris pour le moment, avec vue sur l’eau turquoise et le sable blanc… Mais je vous raconterai ça plus en détails une prochaine fois !

À bientôt !

Sophie

Livraison de baguettes

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